On entend beaucoup parler de positif et de négatif dans la presse comme au cours de séances de sophrologie ou d’hypnose.
Le positif serait ce qui me fait du bien, qui est bon pour moi (personnes, attentions, actes, pensées…) le négatif ce qui, à l’inverse, me fait du mal voire me perturbe ou m’irrite, bref tout ce qui n’est pas… positif!
Tout le monde préfère bien évidemment vivre dans un univers sans contrariété mais voilà, la vie nous fait aussi traverser de nombreuses zones de turbulences et ces moments là sont aussi une occasion de grandir ou de changer.
Par ailleurs, souvent ce que nous avons vécu sous le mode « négatif » se révèle plus tard « positif »; un échec qui débouche sur une orientation qui correspond mieux à nos aptitudes, une rupture douloureuse qui permet de mieux se reconnecter à soi ou de rencontrer un.e compagnon/compagne plus adéquat, un licenciement, un avion annulé, etc…. Bien sûr ces événements sont vécus dans la douleur, le chagrin, la peur, mais ils ne sont pas pour autant négatifs.
Rester positif est une injonction récurrente de nos jours, comme celle d’être zen, d’être calme d’où le sentiment d’inconfort et d’échec de nombreuses personnes qui ne « réussissent » pas à rester positifs , zen en toutes circonstances, mais qui le pourrait à moins de se mentir, de faire semblant ? A quel prix ? A moins de se consacrer pleinement à ces objectifs ce qui demande des changements radicaux.
A l’hôpital quand je travaillais en service de cancérologie , ce mot positif revenait souvent :
« il faut rester positif, il faut garder le moral » vaincre le cancer devenu le négatif à abattre. Ce langage guerrier d’ailleurs est contre-productif pour les malades parce qu’il les met en situation de gagner ou d’être vaincu comme si ça ne dépendait que d’eux. Quelle pression !
L’injonction est tellement forte que j’ai vu des patients s’en vouloir d’être angoissés, s’en vouloir de craquer, de ne pas être « forts » comme si ils étaient coupables et surtout comme si ils s’enlevaient des chances de guérison. La culpabilité ne fait que rajouter à la pression et à l’anxiété. On a le droit de manifester ses émotions, que l’on soit malade ou non et ne pas le faire ne réduit en rien l’impact de ces émotions.
«Vous avez l’impression que vous laissez tomber les gens si vous ne pouvez pas être positif en permanence ou que vous passez un jour à broyer du noir. Ce n’est ni constructif, ni utile, quand vous devez vous concentrer sur une vie quotidienne dont le calendrier est rythmé par votre traitement. Je préfère un langage clair et factuel, donc je me décris comme « vivant » avec un cancer incurable. Je ne suis ni courageuse ni inspirante, j’essaye juste de bien vivre la vie qu’il me reste.» (https://www.slate.fr/story/180615/metaphores-militaires-cancer-mauvais-impact-sante-malades)
Accueillir ses émotions, essayer de moins les classer en « bonnes à garder », « mauvaises à jeter » c’est aussi ce que la sophrologie et l’hypnose nous proposent dans un chemin d’exploration de soi qui nous rend moins rigides et moins peureux.